L’association « Le Livre Vivant » s’efforce de répondre à un enjeu fondamental de la France contemporaine : l’accès à la culture et particulièrement au livre, dans les territoires ruraux ou peu denses qui la traversent du Nord ou Sud – la fameuse diagonale du vide. L’objectif est de déclencher des dynamiques culturelles vertueuses dans les territoires ruraux qui souffrent de désertification.

À la demande du département de Charente-Maritime, nous avons produit une première étude dans laquelle nous faisons un diagnostic avancé du fonctionnement des bibliothèques rurales et nous proposons des stratégies d’hybridation des bibliothèques par composantes : lieux, gens, services. C’est avant tout une boite à outils, sachant que les modèles ne sont guère reproductibles ; tout dépend des dynamiques locales.

Les constats que cette étude nous a permis de faire sont les suivants :

Les bibliothèques municipales assument des rôles socio-culturels importants, de plus en plus éloignés du livre, qui en font un service public culturel à part entière. À titre d’exemple, elles sont utilisées désormais : pour sensibiliser au livre dès le plus jeune âge (bébé lecteurs), pour remplir sa feuille d’impôt en ligne (quand on est âgé ou atteint d’illectronisme), consulter internet ou apprendre à utiliser un ordinateur, lire la presse, jouer à des jeux vidéos ou de société, assister à des conférences, créer du lien social, lutter contre l’illettrisme, etc. Les grandes bibliothèques deviennent des lieux de vie. Aujourd’hui, les usagers y dépassent les inscrits et les emprunteurs de livres. Mais ce n’est pas encore le cas des bibliothèques municipales des zones rurales et peu denses qui sont confrontés à plusieurs problèmes.

Les horaires et les activités proposés par les bibliothèques, ne sont pas adaptés, dans la plupart des cas, aux divers publics ; notamment les publics qui ne viennent pas ou plus dans les bibliothèques : les adolescents, les hommes, etc.

Le personnel des bibliothèques municipales des villages et centre-bourgs est trop majoritairement constitué de bénévoles ; des femmes pour l’essentiel. Si elles reçoivent une aide technique précieuse des bibliothèques départementales, celle-ci est trop lointaine : il faudrait professionnaliser l’encadrement des bénévoles à une échelles de territoire plus fine que celle du département, voire de la communauté de communes.

Quand elles parviennent à être de véritables troisièmes – ou tiers – lieux, les bibliothèques municipales sont un atout de développement territorial car elles sont capables de créer des synergies entre les territoires et le monde (via les livres et internet, les réseaux sociaux et les métavers… ), entre les différentes activités culturelles et sociales, économiques et éducatives, etc.

L’hybridation des lieux, des gens, des services, nous paraît être la meilleure solution – très polymorphe – pour répondre aux problématiques de développement des bibliothèques des territoires ruraux et peu denses.

C’est dans cette logique que Le Livre Vivant, en fonction de la personnalité et des atouts de chaque territoire, s’efforce d’élaborer des propositions afin que bibliothèques et librairies soient de véritables leviers de développement culturel – et donc économique – des territoires ruraux.